“Palais Galliera”

Mardi 24 Janvier 2023

   

   Frida Kahlo, artiste mexicaine détruite par une destinée tragique

   Par un froid de canard, nous nous retrouvons devant le Palais Galliera. A l’origine le projet était d’en faire un musée d’exposition des œuvres d’art de la Duchesse de Galliera (1878). Ce lieu en fait aura un destin tout à fait différent. En 1895, il sera le Musée d’Art Industriel ; puis en 1954, il servit pour les expositions annuelles des salons des « peintres témoins de leur temps » ; ensuite fut salle de vente aux enchères ; et aujourd’hui, c’est le Musée de la Mode de Paris.

   Née en 1907, Frida Kahlo va connaître la Révolution Mexicaine (1910-1920), ce qui va définir son orientation politique.

   En1916, la polio laisse à Frida un handicap à la jambe droite.

   1925 sera l’année d’un drame terrible avec la collision d’un bus et d’un tramway qui va avoir des conséquences sur le destin de cette jeune fille brillante, promise à une carrière de médecin.

         

   Malgré de terribles souffrances physiques et psychologiques dans son mariage avec Diego Rivera (mexicain reconnu par son talent de peintre de fresques célébrant le peuple des paysans et des ouvriers communistes), Frida Kahlo nous laisse une image de femme élégante.

   Dans cette exposition unique par le nombre d’objets personnels ayant appartenus à Frida Kahlo, nous découvrons non seulement une femme avec ses tenues traditionnelles mexicaines (Huipil) mais aussi son maquillage, ses bijoux, ses corsets de maintien de la colonne vertébrale, une prothèse de genou, et sa collection d’œuvres d’art et d’ex-voto …

        

   La guide attire notre attention sur les jupes très longues, simples, populaires et chatoyantes. Des tomicotons (haut avec manches) sont parés de broderies avec des motifs textiles (arbre de vie) liés à l’archéologie mexicaine en plein développement.

        

   La conservation de ces objets quotidiens est émouvante, grâce à la levée des scellés sur sa salle de bain et sa garde robes en 2004, soit 50 ans après sa mort à l’âge de 47 ans.

   Frida Kahlo a participé à deux expositions : l’une à New York à la Galerie Julien Levy, en 1933, et une autre au Mexique dans la Galerie de Lola Alvarez Bravo.Invitée à Paris par le mouvement des surréalistes sous l’égide d’André Breton, Frida Khalo malgré une mauvaise organisation de l’exposition aura l’opportunité de faire découvrir ses tableaux : une révélation dans le milieu artistique parisien de l’époque.

   Ses autoportraits sont particulièrement émouvants.

   (Autoportrait au Resplandor 1947) Le Cadre (1938) Autoportrait avec Staline (1954)

        

   Pour exorciser la douleur de son alitement, l’aménagement d’un système de chevalet et d’un miroir lui permettait de continuer à peindre.

        

   Le titre de l’exposition est au-delà des apparences, et un tableau « Les apparences sont trompeuses » (1946) est une réalité terrible d’un corps féminin fracturé peint en transparence sous sa robe.

   De magnifiques photos (tirage et développement chromogène) donnent l’image d’une femme magnifique parée de bijoux et robes, bien loin de la réalité.

   Photo : Dora Maar compagne de Picasso Photo Nickolas Muray / Frida sur un banc 1939

            

   Non seulement les nombreuses fractures vont être une souffrance pendant de nombreuses années, le malheur s’abat de nouveau en 1932. Enceinte de 4 mois, elle doit subir un avortement thérapeutique : un drame de plus dans sa vie de femme car elle ne pourra jamais plus être mère.

   L’engagement politique va jouer un rôle particulier dans la vie du couple de Diego et Frida. En 1937, Léon Trotski et sa femme, en exil, sont recueillis dans la maison bleue (Casa Azul), ce qui va provoquer les foudres du parti communiste.

   Diego Riviera appelé pour peindre des fresques au Rockefeller Center en 1933 fera un énorme scandale relayé dans la presse new-yorkaise : il avait représenté Lénine, Marx et Trotski dans le temple du capitalisme !

            

   Frida Kahlo par son origine a largement diffusé la culture mexicaine. En 1984, sa création artistique est déclarée patrimoine national. Cette icône est largement utilisée commercialement sur les lieux touristiques mexicains.

        

Claude CORIC