Catacombes, Paris
Mercredi 13 Avril 2016
Après une descente à 20m de profondeur avec un escalier de 130 marches pour pénétrer dans le monde des carrières de la Tombe d’Issoire, la conférencière nous explique le travail des carriers et la localisation dans Paris des carrières souterraines avec la répartition du calcaire et du gypse..
Les calcaires du Lutétien forment un excellent matériau pour les constructions dans la capitale; des exemples témoignent de cette activité au cours des siècles (Arènes de Lutèce, Thermes de Cluny, Notre Dame de Paris, Le Louvre … .).
En 1777 l’inspection générale des carrières de Paris permet la consolidation et l’entretien des carrières afin de limiter les risques d’effondrement et de fontis.
Des inscriptions jalonnent notre parcours avec la date de consolidation et l’initiale du nom de l’inspecteur en charge des travaux : exemple : 40 G 1780,5 J 1847 (J pour l’inspecteur Juncher) …
Une ligne noire tracée sur le plafond, sorte de fil d’Ariane nous permet de suivre le bon chemin dans ce labyrinthe souterrain.
La fermeture des cimetières, une mesure de salubrité publique (le pourrissement des corps des défunts apportait des dégradations majeures de la qualité de l’eau avec l’attaque de la nappe phréatique).
Le 9 novembre 1785 le conseil d’état du Roi ordonne l’aménagement des carrières en ossuaires provenant de près de 60 fosses .Le premier fut le cimetière des Innocents (actuel quartier des Halles) : 11000 m² sont utilisés pour recevoir les os de 6-7 millions de défunts.
Des piliers consolident les carrières et au détour d’un couloir nous trouvons des sculptures de Port-Mahon
« Cet ouvrage fut commencé en 1777 par Antoine Decure dit Beauséjour vétéran de sa Majesté et fut fini en 1782 » (Cet ouvrier carrier ayant été prisonnier de guerre à Minorque par le passé !!)
Nous nous arrêtons pour observer le puits à eau « bain de pieds des carriers » la nappe phréatique est visible sur les marches du fond en relation avec la Seine.
Un panneau nous montre « la mer à Paris » avec une présentation de fossiles témoignant de la présence d’une mer chaude et tropicale à l’époque du Lutétien (45 millions d’années avant notre ère)
Des blocs de calcaire conservent l’empreinte des gastéropodes marins (cérithes) ; nous pouvons voir également le moulage grandeur nature d’un campanile giganteum pouvant atteindre 70 cm.
Et selon une mise en scène digne du XVIII ème siècle romantico-macabre, «Arrête ! c’est ici l’empire de la mort» nous découvrons des murs de fémurs, tibias, crânes des cimetières de la capitale du 8ème au 18ème siècle.
Quelques noms de cimetières de Paris ; Saint Eustache, Saint Landy, La Charité, Saint André des arts, Saint Etienne des Grès, Couvent des Bernadins, Saint Paul–Saint Louis, Saint Julien Menestriers, Innocents, Saint Etienne du Mont, Sainte Croix de la Bretonnerie Les filles de la visitations- Sainte Marie …
Le circuit souterrain nous entraine dans des dédales de murs, de croix du cénotaphe du poète Nicolas Gilbert ou des plaques pour la tuerie des gardes suisses lors de la prise des Tuileries en 1792, les restes des guillotinés pendant la terreur et diverses sentences pour le visiteur ;
‘’Si vous avez vu quelquefois mourir un homme, considérez toujours que le même sort vous attend’’ ‘’Heureux celui qui a toujours devant les yeux l’heure de sa mort et qui se dispose tous les jours à mourir’’ ‘’Pensez le matin que vous n’irez peut être pas jusqu’au soir et au soir que vous n’irez peut être pas jusqu’ au matin’’En fin de visite nous avons une vision surprenante de l’évolution géologique du sous- sol parisien par l’effondrement de la voûte d’une carrière (les 10 derniers mètres du Lutétien sont évoqués dans la cloche grâce à des bandes colorées).
Après un parcours de 2 kilomètres dans ce labyrinthe hors du temps, nous remontons nos 83 marches d’un escalier en colimaçon pour retrouver la clarté d’un Paris bien vivant. Heureux de retrouver la voûte céleste.
Auteur Claude, photos de Raoul
Catacombes de Paris 1 avenue du Colonel Henri Rol Tanguy Place Denfert Rochereau 75014 Paris